Histoire de l’église et du sanctuaire
Une église votive – Le vœu du Cardinal Suhard
Marie-Médiatrice, à laquelle on ajoutera plus tard le nom de N.-D. de Fatima, est une église votive. C’est un Sanctuaire construit pour remercier la Sainte-Vierge d’avoir protégé Paris en 1944.
Sous l’occupation allemande, le général Von Choltitz avait reçu l’ordre de brûler la capitale. Le cardinal Suhard, alors archevêque de Paris fit un vœu : « Paris, ô Notre-Dame, souffre beaucoup… Des femmes, des enfants, des vieillards succombent, victimes des bombardements. Paris redoute pour demain des maux plus grands encore. Paris est anxieux ! Pour que fussent sauvés dans la ville, ses faubourgs et sa banlieue tant de familles ouvrières déjà trop éprouvées… nous promettons de célébrer chaque année la fête de votre médiation (le 16 mai) et nous vous offrons sous le titre de Notre-Dame-Médiatrice de Toutes Grâces, une nouvelle église paroissiale. »
La butte de Belleville
Le lieu choisi pour construire le nouveau sanctuaire est le lieu-dit « la butte du chapeau rouge », en 1950 ce terrain vague appartenait à la mairie de Paris. Quartier chargé d’histoire, notamment celle de la Commune. La chapelle Notre-Dame des Otages, située à quelques centaines de mètres de Marie-Médiatrice, rue Haxo, rappelle la fin tragique de cette période. Compte tenu de la pénurie de logements qui sévit aux débuts des années 1950, des programmes importants de logements sociaux sont prévus. Pour répondre à cette recrudescence de population, l’évêché de Paris souhaite ériger un nouveau lieu de culte dans ce nouveau quartier. Le site retenu est au confluent de la rue Haxo, de la rue des Bois et du boulevard Sérurier. Après la guerre, installer une église aux avant-postes des routes clé d’où étaient venues les grandes invasions est un symbole pour cette église qui va aussi porter le nom de « Notre-Dame de la Paix ».
La construction
En fait ce sont deux églises, superposées qui vont être construites entre mai 1952 et décembre 1954. Une église haute et une église basse. La première sera à vocation paroissiale, la seconde plus particulièrement dédiée à la paix et aux victimes de la guerre. Ce sont « Les chantiers du Cardinal », qui seront maître-d’œuvre.
Un souci pour l’architecte, henry Vidal : il doit être économe de l’argent des fidèles. D’abord parce qu’il est difficile à récolter et d’autre part parce qu’à une époque où beaucoup souffrent des suites de la guerre, l’église doit être proche des pauvres. Combien a couté la construction ? Il est difficile d’avancer un chiffre significatif pour nos contemporains, mais de l’avis des initiateurs du projet il a coûté moins cher qu’un immeuble d’habitation de cinq étages.
Sous la pieta de la petite chapelle se trouve une tombe, celle de monseigneur Touzé. Mort en 1960, il a été jusqu’en 1957 directeur des chantiers du cardinal. Marie-Médiatrice a été sa dernière construction et, à son avis la plus importante. II a demandé, et obtenu, d’y être enterré. Lorsque Marie-Médiatrice a été ouverte, c’était la 130e réalisation des chantiers du cardinal.
Années d’espoir et d’abandon
L’église a été consacrée le 8 décembre 1954, fête de l’Immaculée Conception. Trois prêtres étaient affectés au service des paroissiens de ce nouveau quartier. On attendait jusqu’à 2 500 familles soit près de 10 000 personnes susceptibles de venir s’installer aux alentours de l’église. Hélas aucun immeuble de logement ne fut construit et la création du périphérique acheva d’isoler Marie-Médiatrice au milieu d’un terrain vague et loin des fidèles. L’église fut fermée. Elle le restera de 1974 à 1988. En cette année, deux événements vont redonner un sens à la présence d’une église sur cette butte orientale de Paris : le projet de construction d’un hôpital pour enfants et la rencontre du Cardinal Lustiger avec la communauté portugaise.
Les plans retenus pour la construction de l’hôpital, placent Notre-Dame de Fatima-Marie-Médiatrice exactement au centre des services hospitaliers. L’hôpital ceinture l’église, il se love au pied du sanctuaire comme pour chercher sa protection.
La rencontre avec la communauté portugaise a eu lieu en 1984, à l’occasion du pèlerinage des migrants à Fatima. Monseigneur Lustiger, cardinal archevêque de Paris, présidait les cérémonies. C’est là qu’il a eu l’intuition de confier Marie-Médiatrice à la communauté portugaise de Paris, forte alors de près de 450 000 personnes. Le 12 mai 1988, année mariale, en présence de milliers de Portugais, la statue de Notre-Dame de Fatima fut solennellement bénie à la cathédrale Notre-Dame de Paris puis conduite dans le cœur de l’église, ou elle restera désormais.
Les Portugais amènent avec eux le culte de la Vierge du Message, comme l’a appelée Jean-Paul II à Fatima en 1982. C’est elle qu’ils prient et à elle qu’ils se confient. Spécialement les 12 et 13 de chaque mois anniversaire des apparitions, de mai à octobre, ils se rassemblent pour chanter Ave Maria. Beaucoup de Français se joignent à eux, mais aussi beaucoup de chrétiens d’outre-mer répondant à l’appel du cardinal : «Je vous confie ce sanctuaire pour les autres ».